Les autorités de sûreté nucléaire française et néerlandaise lancent en collaboration la revue préparatoire du réacteur à sels fondus de Thorizon

Les autorités de sûreté nucléaire française et néerlandaise, l'ASN et l'ANVS, collaborent sur une revue préparatoire du design de réacteur à sels fondus Thorizon One, dans la perspective d’une demande en 2025 d’instruction de ses principales options de sûreté. Cette revue vise à comprendre la conception et les caractéristiques de sûreté du réacteur et à en identifier les points innovants, en vue de faciliter ensuite les instructions des futures autorisations règlementaires dans les deux pays. Le projet s'inscrit dans les stratégies nationales de recyclage du combustible et d'innovation dans le nucléaire, Thorizon ayant pour objectif de déployer le réacteur d'ici 2032 afin de contribuer aux objectifs climatiques et de souveraineté énergétique de l'Europe.

L'ANVS, autorité néerlandaise de sûreté nucléaire, et l'ASN, autorité française de sûreté nucléaire, avec son appui technique l'IRSN, ont convenu de mener ensemble cette revue préparatoire du projet Thorizon One. Cette revue se déroulera à travers une série de réunions techniques conjointes dès cet automne, visant à présenter simultanément aux deux autorités le réacteur Thorizon One en amont du dépôt prévu en 2025 simultanément dans les deux pays de demandes d’instruction des principales options de sûreté du projet. Cette revue préparatoire commune aura ainsi pour objectifs principaux de :

  • Comprendre la conception spécifique de ce réacteur, son approche de sûreté, ainsi que le programme de recherche et de développement associé,
  • Définir le périmètre de la future demande d’instruction des options de sûreté du projet afin de prioriser la mobilisation des ressources d'évaluation sur les sujets présentant les enjeux industriels et de sûreté les plus importants du projet Thorizon One.

Cette revue, réalisée à un stade précoce du développement de la conception du Thorizon One, est destinée à favoriser le déroulement des prochaines étapes règlementaires dans les deux pays. Elle constitue une étape cruciale vers le premier déploiement de ce réacteur à sels fondus.

Reconnaissance pour cette opportunité unique

Kiki Lauwers, CEO de Thorizon, déclare : « Thorizon est heureux de faire progresser la conception de son réacteur à sels fondus. Les retours précoces des deux autorités de sûreté nucléaires sont inestimables pour démontrer la sécurité du réacteur Thorizon One. Cette coopération internationale facilitera le déploiement du réacteur dans plusieurs pays à l'avenir. Je tiens à remercier l'ASN et l'ANVS pour avoir lancé ce processus de revue préparatoire, ainsi que l'IRSN pour son soutien. Nous nous engageons à fournir un réacteur sûr, compétitif en termes de coûts, qui contribue à la transition énergétique de manière responsable avec une empreinte environnementale minimale. »

Une technologie nucléaire disruptive offrant des avantages en termes de circularité, de sûreté et de coûts

Les réacteurs à sels fondus (RSF) sont reconnus internationalement comme une technologie nucléaire prometteuse qui améliore la circularité de l'énergie nucléaire en recyclant le combustible usé, réduisant ainsi les déchets nucléaires à longue durée de vie. Leurs caractéristiques de sûreté inhérentes devraient permettre de réduire les coûts de construction. Dans le coeur du réacteur, un mélange de sels fondus contenant des matériaux fissiles agit à la fois comme carburant et comme caloporteur, éliminant ainsi les risques de fusion en maintenant le combustible à l'état liquide. De plus, le réacteur fonctionne à une pression atmosphérique ou proche de celle-ci.


Collaboration entre la France et les Pays-Bas sur plusieurs dimensions

Le projet Thorizon One s'aligne sur la stratégie de recyclage du combustible, le mémorandum d'accord entre les régulateurs nucléaires, et le pacte d'innovation partagé par la France et les Pays-Bas.

  • Stratégie de recyclage du combustible : La France et les Pays-Bas sont actuellement engagés dans le recyclage de leur combustible nucléaire usé, évitant ainsi la production de déchets nucléaires et le stockage en profondeur de ressources nucléaires rares. Le service de traitement et de recyclage est assuré par Orano, groupe international reconnu pour son expertise unique dans la valorisation des matériaux nucléaires, qui développera également le combustible pour le réacteur Thorizon One.
  • Régulateurs nucléaires : Ce projet s'inscrit dans le cadre du mémorandum d'accord signé en septembre 2023 entre l'ASN française et l'ANVS néerlandaise, visant à collaborer sur des initiatives réglementaires, y compris l'octroi de licences pour des installations nucléaires telles que les petits réacteurs modulaires (SMR), et à partager des expériences sur les nouvelles technologies innovantes.
  • Pacte d'innovation : En avril 2023, les ministères des Affaires économiques de la France et des Pays-Bas ont signé un pacte pour collaborer sur l'innovation et la croissance durable, incluant la technologie nucléaire, afin de renforcer la coopération public-privé autour de projets concrets. Le projet de réacteur à sels fondus contribue à l'énergie bas carbone et à la décarbonisation des processus industriels.

Projet européen mené par une start-up franco-néerlandaise

Le Thorizon One, un réacteur à sels fondus de 250 MWth ou 100 MWe, peut fournir de l'électricité flexible pour 250 000 foyers ou de la chaleur industrielle à 550 degrés Celsius. Thorizon, une spin-off du Dutch Nuclear Research Institute (NRG), avec des bureaux à Amsterdam et à Lyon, développe ce réacteur innovant. Invest-NL, l'institution nationale néerlandaise de financement et de développement, est actionnaire de Thorizon, et le projet de l'entreprise, en consortium avec Orano, a reçu une subvention de 10 millions d'euros de l'État français dans le cadre du plan d'investissement France 2030 pour les réacteurs nucléaires innovants. Thorizon collabore avec des entités de premier plan telles qu'Orano et EDF en France, NRG et DIFFER aux Pays-Bas, l'industrie de haute technologie dans les deux pays, ainsi que Tractebel en Belgique.

Début de la construction prévu pour le début des années 2030

Thorizon vise à contribuer à l'objectif de neutralité climatique de l'Europe d'ici 2050 et à développer des petits réacteurs modulaires d'ici les années 2030, avec l'ambition que le premier réacteur à sels fondus en Europe soit opérationnel d'ici 2032. L'octroi des autorisations règlementaires est une étape cruciale dans ce calendrier, rendant les dialogues précoces avec les autorités essentiels. Pour faciliter le processus de délivrance des autorisations, Thorizon One prévoit de se conformer aux réglementations de sûreté existantes, d'utiliser des matériaux et des composants déjà qualifiés dans le nucléaire, et de travailler avec des entreprises expérimentées ayant une forte expertise dans le nucléaire. Thorizon a récemment recruté deux experts renommés en matière de sûreté : Antoine Claisse, ancien responsable sûreté pour le projet de fusion ITER en France, et Marco Visser, ancien responsable sûreté pour le réacteur de recherche Pallas aux Pays-Bas.


À propos de Thorizon

Thorizon a rapidement évolué d'une spin-off de NRG (Dutch Nuclear Research Institute) en une start-up deep-tech ambitieuse franco-néerlandaise, avec des bureaux à Amsterdam et à Lyon. L'entreprise considère que les petits réacteurs nucléaires modulaires sont une solution idéale, stable et décarbonée, dans un système énergétique où le vent et le solaire jouent un rôle crucial. Son ambition est de développer un réacteur à sels fondus qui peut être réalisé rapidement et de manière modulaire, qui maintienne un niveau élevé de sûreté, et qui renforce le cycle du combustible en utilisant les matières nucléaires issues du combustible usé. Thorizon travaille à renforcer sa position financière afin de construire à court terme un prototype non nucléaire à sels fondus et de finaliser l'avant projet détaillé pour commencer la construction d'un premier réacteur de ce type d'ici 2030 : le Thorizon One. Thorizon s'associe à des leaders industriels tels qu'Orano, Tractebel et EDF pour faire progresser sa conception, et est lauréate du plan d'investissement France 2030 pour les réacteurs nucléaires innovants. 

Projet financé par l'État français dans le cadre du plan France 2030